Grossesses en péril, le coût humain du réchauffement climatique.

Grossesses en péril, le coût humain du réchauffement climatique.

Par Hamidou TRAORE

C’est désormais une vérité scientifique. Une étude publiée en mi-mai 2025 menée par l’ONG de référence Climate Central (basée aux Etats-Unis), démontre sans ambages comment la chaleur extrême induite par la crise climatique affecte la santé des femmes (enceintes) et leur grossesse, -symbole de reproductivité de l’Homme- à travers le monde entier. L’Afrique de l’Ouest fait partir des régions où la situation est plus alarmante. Voici donc une étude qui laisse entrevoir que l’humanité a provoqué sa propre disparition avec la crise climatique dont elle est elle-même la principale responsable. Espérons que la prise de conscience sera à la hauteur de cette menace existentielle pour changer la donne.

« Le changement climatique accroît les risques liés à la grossesse dans le monde entier en raison de la chaleur extrême ». C’est le titre de l’étude produite par Climate Central qui démontre à souhait l’impact périlleux des événements météorologiques extrêmes, surtout les fortes chaleurs sur les grossesses, symbole de reproductivité de l’Homme sur terre. Le rapport est formel : la chaleur extrême est très nuisible pour « la santé maternelle, les complications de la grossesse, et la santé future de l’enfant ». Et la situation devient plus alarmante et intense à cause du dérèglement climatique.

L’augmentation des jours de forte chaleur due à la crise climatique.

Pour aboutir à ce résultat, Climate Central a analysé les températures quotidiennes au cours des cinq dernières années (2020 à 2024) dans 247 pays, territoires et dépendances et 940 grandes villes pour savoir combien de jours de forte chaleur (le risque thermique) ont pu mettre en danger la santé des femmes enceintes.

Pour chaque endroit, les chercheurs ont identifié le niveau de température qui était supérieur à 95 % des températures typiques. Les jours où les températures maximales dépassent ce niveau ont été classés comme « jours de chaleur extrême à risque pour la grossesse » car ils sont associés à un risque plus élevé de naissance prématurée. Le rapport a noté que chaque pays étudié a connu une augmentation du nombre de jours d’extrême chaleur, à risque pour la grossesse, en raison du changement climatique. Chaque pays étudié a connu une augmentation du nombre de jours d’extrême chaleur, à risque pour la grossesse, en raison du changement climatique.

Entre 2020 et 2024, près d’un tiers des pays et territoires analysés (78 sur 247) ont connu au moins 30 jours supplémentaires d’extrême chaleur provoquée par le dérèglement climatique, et à risque pour la grossesse. Dans la foulée, l’étude révèle que dans la plupart des pays (221) étudiés, la crise climatique a au moins doublé le nombre moyen de jours d’extrême chaleur à risque pour la grossesse chaque année au cours des cinq dernières années. Les plus fortes augmentations au cours des cinq dernières années se sont produites principalement dans les régions en développement où l’accès aux soins est limité – notamment dans les Caraïbes, ainsi que dans certaines parties d’Amérique centrale et du Sud, les îles du Pacifique, l’Asie du Sud-Est et l’Afrique subsaharienne.

Pas de crise grossesses sans crise climatique.

Il ressort de l’étude que les régions ayant connu le plus de jours d’extrême chaleur à risque pour la grossesse dus au changement climatique sont aussi parmi celles qui rencontrent le plus d’obstacles à un accès adéquat aux soins de santé maternelle. Il s’agit principalement des pays situés dans les Caraïbes, en Amérique centrale, en Amérique du Sud, dans les îles du Pacifique, en Asie du Sud-Est et en Afrique subsaharienne.

Et les résultats de l’étude indiquent que les pays plus touchés sont de petits États insulaires et des pays en développement, dont les habitants sont parmi les plus vulnérables aux conséquences du changement climatique, bien qu’ils y contribuent le moins en termes d’émissions de gaz à effet de serre. Ces pays comptent également une grande part de population sans accès à des systèmes de refroidissement efficaces, qui, s’ils étaient disponibles, pourraient atténuer les effets sanitaires des fortes chaleurs. Les populations vivant dans ces régions font plus souvent face à des obstacles d’accès aux soins de santé et à des taux plus élevés de mortalité maternelle que les pays développés. Et les auteurs de souligner que « dans un monde sans changement climatique, ces pays n’auraient pas connu ces augmentations de température » et donc des problèmes sur les grossesses de femmes.

La santé maternelle également en danger !

L’étude a étendu ses analyses sur la santé maternelle. Elle affirme également que la crise climatique affecte la santé des mères. En effet, les auteurs pensent que le changement climatique ne se limite pas à la chaleur extrême. Cette crise climatique accentue une série de risques pour les femmes enceintes, allant « de la pollution de l’air aux inondations, en passant par les déplacements forcés après des catastrophes climatiques ».

Les chercheurs notent que certaines formes de pollution de l’air ont des effets immédiats et à long terme sur la santé maternelle. Ils corroborent cette affirmation par les particules fines (PM2.5) qui provoquent une augmentation du stress mental, une plus forte fréquence de troubles hypertensifs de la grossesse (comme la prééclampsie ou l’hypertension gestationnelle), et une élévation de la pression artérielle pendant la grossesse. Ces particules proviennent notamment des gaz d’échappement, des incendies de forêt et de la combustion d’énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz).

La chaleur extrême aggrave aussi les problèmes de qualité de l’air.Pour ce qui est des inondations, les scientifiques indiquent que « être exposée à une inondation durant la grossesse augmente les risques de fausse couche, de faible poids à la naissance ou d’hypertension gestationnelle ».

En plus, les inondations peuvent aussi entraîner des expositions des « femmes enceintes à des matériaux dangereux, à des agents pathogènes, à de l’eau potable contaminée ou à des objets submergés dans l’eau ». Outre, l’étude révèle que les événements climatiques extrêmes « menacent aussi la santé mentale des femmes enceintes ». Vécu pendant ou après la grossesse, ils peuvent provoquer du stress et de l’anxiété, surtout dans les communautés déjà confrontées à la précarité alimentaire, au mal-logement ou à l’insécurité financière. Le rapport souligne sur ce point que le stress prénatal est connu pour son impact négatif sur la santé maternelle et sur les conséquences négatives sur la naissance.

La crise climatique remet en cause les acquis en matière de santé maternelle.

Dans la foulée, les scientifiques alertent que le dérèglement climatique « risque de freiner, voire d’inverser, les progrès accomplis ces dernières décennies en matière de santé maternelle ». Malgré des avancées significatives dans la réduction de la mortalité maternelle, les progrès ralentissent depuis 2016. Le dérèglement climatique y joue un rôle croissant, selon les auteurs de l’étude. Ils ajoutent que les risques liés au climat pourraient remettre en cause les acquis en matière de santé maternelle et reproductive.

Hamidou TRAORE (tr.hamidou@gmail.com)

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