Crimes coloniaux en Afrique : L’Algérie accueille une Conférence internationale.

Par Djilali B.

L’Algérie abritera dimanche et lundi prochains une importante rencontre autour d’un sujet particulièrement important pour le continent. Une conférence sur les crimes coloniaux en Afrique. Il ne s’agira pas d’exorciser les traumatismes hérités de la colonisation mais de détailler une cartographie du crime colonial dont a particulièrement souffert l’Afrique.

Des stigmates sont visibles chez les descendants des autochtones soumis, en cobayes, à toute sorte d’expériences scientifiques et chimiques, exposés aux essais nucléaires dont ni les humains ni la faune ni la flore n’ont échappé aux désastreux effets.

L’organisation de cette conférence fait suite à la décision du sommet de l’Union africaine adoptée, en février dernier, qui a endossé l’initiative du président Tebboune, d’organiser en Algérie une conférence dédiée à la célébration et à la mise en œuvre du thème de l’année 2025 : « Justice pour les Africains et les personnes d’ascendance africaine à travers les réparations ».

L’Algérie n’a pas cessé de réclamer la reconnaissance des crimes coloniaux commis depuis 1830, des crimes qui se sont poursuivis tout au long des 132 ans de colonisation, allant du crime pur et dur aux asservissements, privations, exactions, spoliations, aliénations qui ont constitué le lourd tribut qu’elle a payé. La France officielle se dérobe de ses responsabilités alors que les Algériens payent jusqu’à aujourd’hui les effets des essais nucléaires et des mines anti-personnel. Cette situation a été vécue à des degrés divers par la majorité des pays du continent qui attendent excuses et réparations.

Cette rencontre sera l’occasion de rappeler les méfaits de cette colonisation qui a été une œuvre de déshumanisation, qui a réduit les populations locales à l’état d’infrahumains, mais aussi de rappeler les revendications des Etats concernés relatives à la reconnaissance des crimes commis durant la colonisation et leur droit à des réparations. Alger offrira ainsi l’occasion d’entreprendre des initiatives collectives pour atteindre cet objectif qui peut constituer la dernière étape pour parachever les indépendances et entamer une nouvelle ère dans les relations avec les anciennes puissances coloniales.

«L’Algérie œuvre à renforcer la réflexion et l’action collectives visant à criminaliser le colonialisme, l’esclavage, la ségrégation raciale et l’apartheid comme crimes contre l’humanité, conformément aux recommandations pertinentes de l’UA », rappelle-t-on.

La Déclaration d’Alger servira de référence continentaleLa Conférence sera animée par des ministres, des juristes, des historiens, des universitaires et des experts de l’Afrique, des Caraïbes et d’autres régions du monde dans le but d’unifier la position africaine dans la perspective de futures batailles pour « la justice historique, les réparations, la restitution du patrimoine et la préservation de la mémoire collective ».

Les participants à cette rencontre aborderont « les dimensions humaines, culturelles, économiques, environnementales et juridiques des crimes coloniaux, en mettant l’accent sur les traumatismes intergénérationnels, la spoliation et la destruction du patrimoine culturel africain, l’exploitation des ressources et les modèles économiques inéquitables hérités du colonialisme, les impacts environnementaux et comprennent les essais nucléaires effectués sur des populations africaines, ainsi que les voies juridiques permettant de renforcer la criminalisation du colonialisme et d’établir un mécanisme africain permanent pour les réparations et la restitution », est-il indiqué de l’organisation.Il est attendu que les travaux se terminent par l’adoption de la «Déclaration d’Alger », qui devrait constituer une référence continentale autour de la problématique de la colonisation, ses crimes, ses effets et sa reconnaissance ; document qui sera soumis au sommet de l’UA de février 2026 pour adoption.

L’Algérie qui s’inscrit dans ce combat depuis des années, entend soutenir les aspirations des anciennes colonies à « la souveraineté mémorielle et à la consolidation d’une identité historique commune fondée sur la dignité et les valeurs de justice ».

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