Islam et confucianisme au cœur du rapprochement ASEAN-GCC-Chine.

Le sommet trilatéral ASEAN-GCC-Chine, organisé récemment dans la capitale malaisienne, a marqué une inflexion notable dans la diplomatie du Sud global.

Derrière les échanges sur le commerce et la sécurité énergétique, c’est un dialogue plus profond qui s’est esquissé : celui des civilisations.

Le format ASEAN-GCC-Chine réunit trois blocs régionaux majeurs : l’ASEAN, qui regroupe dix pays d’Asie du Sud-Est ; le Conseil de coopération du Golfe (CCG), composé des six monarchies arabes du Golfe ; et la Chine, puissance centrale d’Asie de l’Est.

Ce cadre, d’abord économique, devient désormais un espace de rapprochement culturel et spirituel entre deux grandes traditions : l’islam et le confucianisme.

Sous l’impulsion de la Malaisie, pays musulman à forte tradition de dialogue avec la Chine, le sommet s’est voulu plus qu’un forum diplomatique. Il a jeté les bases d’une coopération fondée sur des valeurs communes : éthique dans la gouvernance, modération, responsabilité collective. L’idée est d’ancrer la diplomatie dans les héritages philosophiques respectifs des pays concernés.

Les professeurs Osman Bakar et Phar Kim Beng, observateurs de cette dynamique, évoquent une “confluence” possible entre les traditions islamiques de consultation (syura) et de justice (khilafah), et les idéaux confucéens d’harmonie sociale (li) et d’exemplarité morale (junzi). Ils appellent à institutionnaliser ce rapprochement à travers des forums, chaires universitaires et programmes de formation pour une nouvelle génération de dirigeants éthiques.

Dans un contexte mondial marqué par la montée de l’islamophobie et de la sinophobie, ce sommet incarne un geste politique fort : celui de civilisations non occidentales qui reprennent la parole sur la scène internationale, non pas pour s’affronter, mais pour proposer un autre horizon commun, fondé sur la connaissance, le respect et la paix.

Oumma.com