Jamil Al-Amin, figure majeure du Black Power de la révolte à la foi, s’éteint à 82 ans.

Jamil Al-Amin, figure majeure du Black Power de la révolte à la foi, s’éteint à 82 ans.

Figure majeure du Black Power sous le nom de H. Rap Brown, Imam Jamil Abdullah Al-Amin est décédé dimanche à 82 ans dans un centre fédéral en Caroline du Nord.

Très tôt, ce fils de Baton Rouge avait refusé de se laisser définir par l’État. Porte-voix de la colère noire dans les années 1960, il dénonçait une Amérique incapable d’affronter son histoire et lançait des phrases devenues emblématiques : « La violence fait partie de la culture américaine. Aussi américaine que la tarte aux cerises.»

À 23 ans, il prend la tête du Student Nonviolent Coordinating Committee et bouscule les codes, jusqu’à pousser à retirer le mot « nonviolent » du nom du mouvement. Ses discours, enflammés, irritent Washington. Le FBI le place parmi ses cibles prioritaires et le Congrès adopte en 1968 une loi surnommée « H. Rap Brown Law».

Condamné après une fusillade en 1971, il passe cinq ans à Attica. En prison, il se convertit à l’islam et entame une profonde transformation. Devenu Jamil Al-Amin, il s’installe à Atlanta, fonde une mosquée, ouvre un commerce, lance des programmes pour les jeunes et tente de débarrasser son quartier de la drogue. Pour beaucoup, il devient un guide respecté. Pour les autorités, il reste un militant surveillé.

En 2000, il est condamné pour la mort d’un adjoint du shérif, accusation qu’il nie. Un autre homme a pourtant confessé le crime à plusieurs reprises. Malgré cela, la justice n’est jamais revenue sur le dossier. Ses proches dénoncent depuis des années une erreur judiciaire et des conditions de détention indignes, alors que sa santé se dégradait. Sa mort ravive aujourd’hui les appels à la réouverture de l’affaire.

Le Council on American-Islamic Relations (CAIR), principale organisation musulmane de défense des droits civiques aux États-Unis, parle d’un « héros du mouvement des droits civiques » victime d’une injustice. Son entourage retient un homme passé de la confrontation politique à la quête spirituelle, sans jamais renoncer à l’idée que la liberté exige organisation, courage et principes.

Jamil Al-Amin laisse derrière lui une histoire traversée par la ségrégation, la répression d’État, la foi et l’engagement communautaire — et un héritage que ses partisans promettent de faire vivre.

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