La confiance, moteur du cheminement spirituel.

La confiance, moteur du cheminement spirituel.

Plus que la croyance, la confiance traduit le véritable moteur du développement spirituel dans la tradition musulmane. Les explications de Hamdi Ben Aïssa.

Il existe un enseignement prophétique qui dit : «Toutes les caractéristiques peuvent se retrouver chez « al-mu’min » à l’exception de deux : la trahison et le mensonge

Prenons un moment pour réfléchir à ce que cela signifie. Si l’on traduit le terme al-mu’min par le croyant et « al-īmān » simplement par « croyance », cet enseignement peut sembler déroutant. Après tout, n’importe qui peut prétendre croire — en Dieu, en la vie après la mort — et pourtant mentir ou trahir.

Confiance implique sécurité.

Le mot « croyant » à lui seul n’explique pas pourquoi ces deux traits-là, en particulier, sont exclus. Mais si l’on revient à la racine du mot īmān, qui vient de amina — signifiant sécurité, confiance, fiabilité —alors le sens devient limpide. Le projet abrahamique n’était pas seulement un appel à croire, mais un appel à bâtir un espace de sécurité et de confiance mutuelle où les êtres humains peuvent coexister et grandir — à la fois individuellement et collectivement.

C’est dans cet esprit qu’Abraham priait : « Mon Seigneur, fais de cette terre un lieu de sécurité. » Al-īmān n’est donc pas simplement un système de croyances. C’est un engagement à construire un espace social fiable et digne de confiance.

Vus sous cet angle, les mots du Prophète prennent tout leur sens : Une personne engagée dans le projet de al-Imān—dans l’édification d’un espace de confiance —peut avoir toutes sortes de traits de caractère…

Le mensonge, opposé de al iman.

Elle peut être paresseuse, rire trop, être timide ou mélancolique… Rien de tout cela ne menace le projet. Mais le mensonge et la trahison, eux, le détruisent. Pourquoi ? Parce qu’ils sapent directement la confiance, qui est le fondement même de al-Imãn. Quand quelqu’un ment, on ne peut plus croire en sa parole. Et sans confiance, aucun espace de sécurité ne peut exister.

Le mensonge est, en vérité, l’opposé de al-Imãn. Il en va de même pour la trahison : quand quelqu’un brise la confiance — quand il dit « tu peux compter sur moi » et qu’il vous abandonne — toute la structure s’effondre. C’est pour cela que le Prophète a enseigné que ces deux traits — le mensonge et la trahison —ne peuvent coexister avec al-Imãn.

Non pas parce qu’ils sont simplement “mauvais” dans un sens moraliste, mais parce qu’ils sont destructeurs du projet sacré qu’est al-Imãn : bâtir et préserver un espace de confiance profonde et de sécurité mutuelle, un espace où l’on peut faire foi aux autres et compter sur la fiabilité de ce que l’on reçoit.

Hamdi Ben Aïssa

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