La pauvreté en Islam, des mesures correctrices à la portée des humains. (Partie 2).

La pauvreté reste une préoccupation mondiale en général et un défi pour l’Islam, dans un monde où les richesses augmentent d’année en année, avec les découvertes de ressources naturelles et l’accroissement de la production.
Depuis les premiers moments de l’Islam, Dieu, le créateur a enseigné à son prophète bien aimé Muhammad saw, une série de mesures correctrices susceptibles de réduire la pauvreté et rétablir la justice sociale.
L’Islam propose des mesures stratégiques et opérationnelles concrètes comme solutions efficaces pour réduire la pauvreté au niveau individuel et collectif.
Parmi les mesures correctrices proposées, on dénombre notamment, sans que cela ne soit exhaustif, les invocations orientées sur la satisfaction des besoins;
l’exhortation au travail, l’imposition de la Zakat, l’exhortation aux Sadaqas, les interdictions de l’usure et des pratiques injustes, l’exhortation à assister les personnes vulnérables, la promotion de la justice sociale et de la solidarité familiale et communautaire.
1- Les invocations orientées sur les besoins à satisfaire.
Toute invocation est considérée comme le bouclier du croyant. Elle consiste à adresser à Dieu, ses requêtes et doléances sans distinction. Pour ce faire, il est nécessaire pour le croyant de bien cibler ses invocations en les orientant vers la satisfaction de ses besoins réels.
2- L’exhortation au travail, à gagner sa vie et à se déplacer pour subvenir à ses besoins.
Le travail et la mobilité sont sources de richesse pour les personnes. En effet, Allah le Très-Haut dit : « C’est Lui qui vous a soumis la terre : parcourez donc ses grandes étendues. Mangez de ce qu’Il vous fournit. Vers Lui est la Résurrection». (Coran : 67/15).
Et Il dit : « Puis quand la Salat est achevée, dispersez-vous sur la terre, et recherchez de la grâce d’Allah, et évoquez beaucoup Allah afin que vous réussissiez.» (Coran : 62/10)
Dans le même sens, D’Apres Az-Zoubeïr ibn Al-’Awwam , le Prophète (Bénédiction et salut d’Allah soient sur lui) a dit : « Que l’un d’entre vous prenne ses cordes, se rende à la montagne pour en revenir avec un fagot de bois sur le dos, qu’il vendra, et par le biais duquel Allah le mettra à l’abri du besoin, est meilleur pour lui que de solliciter les gens qu’ils lui donnent ou qu’ils refusent. » (Rapporté par Al-Boukhari : 1402).
Se déplacer et travailler pour rechercher de sa subsistance en invoquant ALLAH est source de réussite pour le croyant ou pour tout fidèle musulman.
3-L’imposition de la Zakat.
Pour faire face à la pauvreté et à la précarité, Allah, le Très-Haut, a donné aux pauvres une part de la Zakat.
Cette part devient la propriété du pauvre. On donne la Zakat au pauvre jusqu’à ce qu’il devienne riche et se débarrassé de sa pauvreté. Sous ce rapport, Allah, le Très-Haut, dit : «Les Sadaqat (les Zakats) ne sont destinées qu’aux pauvres, aux nécessiteux, à ceux qui y travaillent, à ceux dont les cœurs sont à gagner (à l’lslam), à l’affranchissement des jougs, à ceux qui sont lourdement endettés, dans le sentier d’Allah, et au voyageur (en difficulté). C’est un décret d’Allah ! Et Allah est Omniscient et Sage » (Coran : 9/60)
Et Il dit : « et sur les biens desquels il y a un droit bien déterminé [la Zakat] pour le mendiant et le déshérité. » (Coran : 70/24-25).
En plus de la Zakat classique, la Zakt El Fitr a été imposée à la fin du mois de RAMADAN pour soulager les pauvres et leur permettre de participer activement à la réjouissance de fin de Ramadan.
4- L’exhortation à l’aumône, à créer des Waqfs (biens de mainmorte) et à la prise en charge des orphelins et des veuves.
Concernant ce sujet Allah, le Très-Haut, dit : « Craignez Allah, donc autant que vous pouvez, écoutez, obéissez et faites largesses. Ce sera un bien pour vous. Et quiconque a été protégé contre sa propre avidité… ceux-là sont ceux qui réussissent.» (Coran : 64/16).
Et Il dit : « …Et toute dépense que vous faites [dans le bien], Il la remplace, et c’est Lui le Meilleur des donateurs. » (Coran : 34/39) et Il dit encore : « …Avancez de bonnes œuvres auprès d’Allah car, tout ce que vous avancez pour vous-même comme œuvres pies, vous le retrouverez auprès d’Allah, meilleur et plus grand en fait de récompense…» (Coran : 73/20) .
Oudeï ibn Hatem (Qu’Allah soit satisfait de lui) a dit : « J’ai entendu le Prophète (Bénédiction et salut d’Allah soient sur lui) dire : « Celui d’entre vous qui peut se protéger contre l’Enfer, ne serait-ce qu’en donnant en aumône la moitié d’une datte, qu’il le fasse. » (Rapporté par Al-Boukhari : 1347 et par Muslim : 1016) auteur de la présente version).
Selon Sahl ibn Saad (Qu’Allah soit satisfait de lui), le Messager d’Allah (Bénédiction et salut d’Allah soient sur lui) a dit : « Moi et celui qui prend un orphelin en charge serons au Paradis comme ça !
Et il a fait un signe avec l’index et le majeur en les écartant légèrement. » (Rapporté par Al-Boukhari : 4998 et par Muslim : 2983) ce dernier citant une version rapportée par Abou Houreïra avec presque les mêmes termes).
Selon Abou Houreïra (Qu’Allah soit satisfait de lui), le Prophète (Bénédiction et salut d’Allah soient sur lui) a dit : « Celui qui œuvre à prendre en charge une veuve et un nécessiteux est semblable au combattant sur le sentier d’Allah ou à celui qui prie toute la nuit et jeûne chaque jour».(Rapporté par Al-Boukhari : 5038 et par Muslim : 2982).

5- Les interdictions de l’usure, des jeux de hasard, et de la tricherie dans les échanges et opérations.
Les injustices naissent de l’usure, des jeux de hasard et de la tricherie dans les opérations commerciales.
En effet, Allah, le Très-Haut, dit : « Ô vous qui croyez ! Craignez Allah ; et renoncez au reliquat de l’intérêt usuraire, si vous êtes croyants. Et si vous ne le faites pas, alors recevez l’annonce d’une guerre de la part d’Allah et de Son messager.
Et si vous vous repentez, vous aurez vos capitaux. Vous ne léserez personne, et vous ne serez point lésés. » (Coran : 2/278-279) et Il dit :
« Ô vous qui croyez ! Le vin (toutes sortes de boissons alcoolisées et autres substances enivrantes), le jeu de hasard, les pierres dressées, les flèches de divination ne sont qu’une abomination, œuvre du Diable. Ecartez-vous en, afin que vous réussissiez.» (Coran : sourate 5au verset 90).
Abou Houreïra (Qu’Allah soit satisfait de lui) a rapporté que le Messager d’Allah (Bénédiction et salut d’Allah soient sur lui) est passé tout près d’un tas de nourriture. Il y a introduit sa main et l’a trouvé mouillée. Alors il a dit au marchand : « Qu’est-ce que c’est que ça, ô propriétaire de la nourriture ? » Il a dit : « Elle a été touché par la pluie, ô Messager d’Allah».
Il lui a dit : « Pourquoi donc tu ne l’as pas placé en dessus afin que les gens la voient ? Celui qui triche n’est pas des miens. » (Rapporté par Muslim : 102)
La propagation de telles pratiques est susceptible d’entraîner la spoliation, voire la perte totale des biens des gens. C’est la raison pour laquelle des textes clairs expliquent leur interdiction.
6-L’exhortation à assister les nécessiteux et à soutenir les personnes vulnérables.
En effet, il est rapporté que le Messager d’Allah (Bénédiction et salut d’Allah soient sur lui) a dit que : « Les croyants dans leur manière de s’aimer, de compatir et de s’apitoyer les uns envers les autres, sont comparables à un corps : lorsque l’un de ses membres souffre, l’ensemble du corps subit l’insomnie et la fièvre. » (Rapporté par Al-Boukhari : 5665) et par Muslim, 2586)
En outre, d’après Ibn Abbas (Qu’Allah soit satisfait de lui et de son père), le Messager d’Allah (Bénédiction et salut d’Allah soient sur lui) a dit : « N’est pas musulman celui qui se rassasie alors que son voisin souffre de faim. » (Rapporté par Al-Baïhaqi dans Ach-Chou’ab : 9251 et ailleurs et jugé bon par Al-Albani.
7- Le renoncement à se faire trop plaisir et à aimer le luxe.
L’imam Malek (Puisse Allah lui accorder Sa Miséricorde) a rapporté dans Al-Mouwattaâ (1742) d’après Yahia ibn Saïd que Omar ibn Al-Khattab (Qu’Allah soit satisfait de lui) a rencontré Djaber ibn Abdallah (Qu’Allah soit satisfait de lui et de son père) qui transportait une importante quantité de viandes, alors il lui a dit : « Qu’est-ce que c’est que ça ?».
Il a dit : « Ô commandeur des croyants, nous avions une forte envie de viande et j’en ai acheté pour un dirham. »
Il lui a dit : « L’un d’entre vous n’est-il pas prêt à abandonner les plaisirs de son ventre pour faire plaisir à son voisin ou à son cousin ?
Rappelez-vous ce verset : «…Vous avez dissipé vos [biens] excellents et vous en avez joui pleinement durant votre vie sur terre… » (Coran : 46/20).
8- le pardon d’ALLAH conditionnée par l’aide aux pauvres.
Plusieurs péchés et manquements aux obligations religieuses sont par pardonnés par ALLAH sous réserve d’aumônes et de sacrifices faites aux pauvres à titre d’expiation et de rémissions de péchés. C’est ainsi que le recours aux pauvres pour des dons permettent de se faire pardonner et d’expier ses péchés.
9- la recherche du savoir comme un bouclier contre la pauvreté.
Le savoir procure toujours à son titulaire des capacités susceptibles de lui permettre d’exercer un métier ou un travail. A cet effet, la recherche du savoir est source de réduction de la pauvreté. C’est ainsi que le prophète fait obligation à tous les musulmans de rechercher le savoir quel que soit le lieu et la matière pourvue qu’elle ne soit pas contraire aux enseignements islamiques.
10- Le contentement de ce qu’ALLAH accorde à son serviteur.
Certaines personnes se déclarent pauvres parce que ne se contentant pas de ce qu’elles reçoivent d’ALLAH. Elles sont en quête permanente de biens pour face à de nouveaux besoins de plus importants à satisfaire, au regard de l’environnement et des progrès technique.
En Islam, la pauvreté pourrait être réduite voire éradiquer à condition de mettre en œuvre les mesures correctrices contenues dans le Coran et la tradition prophétique.
Ces mesures correctrices s’appuient sur les leviers de la solidarité, de la justice sociale, la foi des croyants, les efforts individuels et collectifs, dans le but de garantir une vie digne à tous.
Pour ce faire, l’Islam en prévoyant la Zakat et les aumônes des riches qui reviennent de droit aux pauvres ainsi les Sadaqas a mis en place une véritable stratégie de redistribution des richesses.
En somme, l’Islam insiste sur l’équité et la justice dans la répartition des ressources.
Enfin, en matière de solidarité familiale et communautaire, les proches et la communauté ont la responsabilité première de soutenir ceux qui sont dans le besoin.

En plus des solutions permanentes proposées, des solutions dites ponctuelles ou circonstancielles sont prévues par la législation islamique pour faire face à la pauvreté.
Il s’agit notamment des mesures réparatrices des fautes commises tendant à nourrir les pauvres ou à réduire la précarité des croyants, de la l’instauration de la Zakat El Fitr à la fin du mois de Ramadan et des règles de partage des animaux sacrifiés à l’occasion de la fête de Tabaski ou des baptêmes ou autre.
Dans un monde de plus en riche, il est inconcevable de constater que la pauvreté augmente par faute d’une véritable politique de redistribution équitable et juste des richesses créées et d’une solidarité agissante de la part des hommes et des femmes.
L’Islam, en tant que religion et mode de vie, accorde une importance capitale à la justice sociale et à la solidarité entre les hommes et les femmes.
La réduction de la pauvreté ou la lutte contre la précarité reste un enjeu majeur au cœur des principes et règles qui la religion musulmane.
Il appartient donc aux musulmans et aux musulmanes de s’approprier l’ensemble de ces mesures correctrices, de les mettre en œuvre efficacement et d’espérer avoir une réduction de la pauvreté dans les familles, la communauté, dans la cité et dans le monde.
Halidou OUEDRAOGO
Economiste, Financier
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