Mentir à ses enfants nuit au lien de confiance.

Mentir à ses enfants nuit au lien de confiance.

Pour éviter des colères ou cacher des réalités difficiles aux enfants, les parents peuvent recourir à de petits mensonges. Une solution de facilité aux conséquences diverses..

Il arrive souvent aux parents de mentir à leurs enfants. « Non, tu ne peux pas avoir de chocolat : il n’y en a plus », peuvent-ils dire, par exemple, alors même qu’il y a tout un paquet de barres chocolatées dans le placard. « Non, tu ne peux pas prendre mon téléphone pour regarder YouTube : la batterie est déchargée », alors que le téléphone affiche nettement un chargement à 65 %.

Dans certains cas, de tels mensonges sont un recours pour se faciliter la vie, surtout lorsque les enfants sont petits. Dans d’autres cas, on peut penser que le mensonge sert l’intérêt de l’enfant. Par exemple, on essaie d’inciter les plus jeunes à manger des carottes en leur disant que ça les aidera à voir dans le noir. En leur promettant de super pouvoirs, on essaie de les aider à développer de bonnes habitudes alimentaires.

De même, des mensonges peuvent être proférés pour protéger les enfants de vérités jugées pénibles. Face à la difficulté de parler de la mort ou d’une maladie grave avec des enfants, il peut être tentant de déformer la réalité pour éviter de les bouleverser. Mais avant d’avoir couramment recours au mensonge, il convient de s’interroger sur les raisons qui le motivent et de se demander si une approche différente ne serait pas préférable. En gros, les gens mentent lorsqu’ils disent des choses qu’ils savent fausses dans l’intention de tromper les autres.

Mensonges blancs et nobles mensonges.
Les philosophes ont beaucoup débattu afin d’élaborer une juste définition tenant compte de tous les cas de mensonge, sans déborder sur d’autres situations. Celle-ci doit par exemple exclure les blagues, les métaphores ou certains cas d’exagération comme « il pleut des cordes » ou « j’ai tellement faim que je pourrais manger un cheval ».

Le mensonge peut être bien intentionné, dans le cas des mensonges blancs et des nobles mensonges. On appelle mensonges blancs les petits mensonges qui aident à protéger les relations sociales – par exemple, pour éviter de contrarier ou d’offenser quelqu’un avec un « cette veste te va vraiment bien ».

Les nobles mensonges servent un plus grand bien, comme le maintien de l’harmonie politique sous forme de maximes telles que « nous n’avons rien à craindre d’autre que la peur elle-même ».

Il existe également des cas particuliers, qui ne correspondent pas tout à fait à la définition du mensonge donnée ci-dessus. Ces mensonges altruistes visent à amener quelqu’un à croire la vérité – si vous savez que quelqu’un ne vous croira pas, vous pouvez dire quelque chose de strictement faux, mais avec l’intention de le guider vers une vérité. Par exemple, Benjamin confond toujours la cannelle et la muscade. Il aime la cannelle et déteste la muscade, mais il croit, à tort, qu’il aime la muscade et déteste la cannelle. Sally connaît les préférences de Benjamin et sait qu’il confond systématiquement la cannelle et la muscade. Elle offre à Benjamin une brioche à la cannelle et lui dit : « Tu vas l’adorer, elle est pleine de noix de muscade. » Dans de tels cas, il n’y a pas d’intention de tromper.

Par ailleurs, quelqu’un peut avoir l’intention de tromper les autres sans faire de fausse déclaration : les mensonges par omission consistent à induire quelqu’un en erreur en omettant des informations pertinentes. Il est également possible de tromper en disant la vérité, par exemple en répondant « je préfère le brie » à la question « as-tu mangé le morceau de camembert que je gardais ? »Mais les mensonges que les parents disent souvent à leurs enfants ne relèvent pas de ces « sortes de mensonges ».

Gare aux conséquences.

Il est évident que les adultes mentent parfois à d’autres adultes. Certains philosophes, comme Emmanuel Kant, pensent que le mensonge n’est jamais justifié, même si les conséquences du fait de dire la vérité pourraient être désastreuses. Mais il n’est pas nécessaire d’adopter une position aussi extrême pour penser que la façon dont les gens mentent aux enfants et la fréquence de leurs mensonges sont inquiétantes.

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