Pardonner pour se libérer: les trois niveaux du pardon selon le Cheikh Hatim

Le pardon est un acte noble, mais ô combien difficile. Dans une intervention poignante, Cheikh Hatim qu’Allah Le Préserve aborde avec profondeur et clarté les différentes formes de pardon auxquelles chaque croyant est confronté au cours de sa vie. Loin d’être un simple mot, le pardon revêt plusieurs couches de sens, toutes liées à notre relation avec Allah, avec les autres… et avec nous-mêmes.
1. Le pardon dans les relations humaines : l’épreuve de l’ego.
Le premier type de pardon touche aux conflits interpersonnels. Couples, amis, frères et sœurs : toute relation humaine est vouée à passer par des désaccords. Ce n’est pas une faiblesse, c’est une réalité humaine.Mais ce qui rend le pardon difficile ici, ce n’est pas la faute elle-même, c’est l’ego. L’ego transforme le pardon en humiliation, en faiblesse. Il pousse à dire :
« Pourquoi ce serait à moi de pardonner ? » Pourtant, le Prophète ﷺ a affirmé avec insistance :
« Celui qui pardonne, Allah l’élève.»(Rapporté par Muslim).
Ce n’est pas dans la vengeance que réside la grandeur, mais dans la capacité à se hisser au-dessus de l’offense. Celui qui ne pardonne pas ne sera pas pardonné, dit encore le Prophète ﷺ. Car Allah nous traite comme nous traitons les autres : «Sois miséricordieux envers les gens sur Terre, et Celui qui est au ciel sera miséricordieux envers toi. »
2. Le pardon envers soi-même : la ruse du désespoir.
Plus profondément encore, certains peinent à se pardonner à eux-mêmes. Ce deuxième type de pardon concerne la relation intérieure, la culpabilité qui ronge, la honte qui isole. Ces sentiments, en soi, peuvent être moteurs de retour à Allah — mais lorsqu’ils sont pervertis par Shaytan, ils deviennent des chaînes.Shaytan insuffle le désespoir. Il transforme le regret en auto-condamnation. Or, le croyant ne se flagelle pas : il se relève. Le pardon de soi n’est pas une trahison de sa sincérité, c’est un acte de confiance envers la miséricorde d’Allah Le Très Haut.
« Ô Mes serviteurs qui avez commis des excès à votre propre détriment, ne désespérez pas de la miséricorde d’Allah.» (Sourate Az-Zumar, 39:53)3.
Le pardon des grandes blessures : l’épreuve spirituelle.
Le troisième type de pardon est le plus profond. Il concerne ceux qui ont subi une injustice grave, destructrice, qui a blessé leur âme. Ce n’est plus une question d’ego ou de culpabilité, mais une blessure qui a laissé une cicatrice durable, presque vive à jamais.
Ici, dire « pardonnes, oublie, passe à autre chose » est une injustice supplémentaire. Ces douleurs ne se banalisent pas. Et pourtant, même ici, Allah ouvre une porte. Le pardon dans ces cas est si noble, si rare, que sa récompense est réservée à Lui seul.« Et quiconque pardonne et réforme, sa récompense incombe à Allah». (Sourate Ash-Shûrâ, 42:40).
Ce pardon (je choisis de ne pas nourrir cette colère, ou de ne pas me venger) n’est pas une faiblesse : c’est une libération. Il ne signifie pas nier l’injustice ou excuser (minimiser ce qu’il a fait) l’agresseur.
Il signifie refuser de rester prisonnier d’une douleur que l’on n’a pas choisie.Se réparer sous le nom d’Allah Al-JabbârCheikh Hatim conclut avec une dimension spirituelle bouleversante : le nom Al-Jabbâr, l’un des plus beaux Noms d’Allah. Celui qui répare. Celui qui rend plus fort ce qui a été brisé.
Quand l’humain brisé se tourne vers Allah Le Très Haut, Allah le répare — non pas pour lui rendre ce qu’il a perdu, mais pour lui donner mieux. C’est une réparation divine, qui dépasse la logique humaine.
« Il ne répondait pas au mal par le mal, mais il pardonnait et effaçait. »(Caractère du Prophète ﷺ rapporté par Aïcha).
Conclusion: Le pardon n’est pas un geste simple. Il est une épreuve, un chemin, une purification. Il demande de dominer son ego, de vaincre le désespoir, de panser ses blessures spirituelles.Mais le croyant sait que dans chaque forme de pardon, il y a une clé vers Allah, et que celui qui pardonne ne s’abaisse pas : il s’élève.
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